jeudi 21 août 2014

Sur la candidature d'Alain Juppé : l'âge du capitaine

Alain Juppé a finalement décidé de se lancer dans la compétition présidentielle, dorénavant étendue aux primaires. L’envergure du personnage exclut la possibilité d’une candidature de témoignage, mais son âge sera sans doute un objet de débat. Est-il réellement un handicap ?
 
Charles de Gaulle a été réélu en 1965 (et pour la première fois au suffrage universel direct) à 75 ans. François Mitterrand en été réélu président de la République (et pour 7ans) en 1988 à 71 ans. En 2002, Jacques Chirac avait 69 ans au moment de son élection (pour 5 ans cette fois). Alain Juppé est né le 15 août 1945. Au moment des élections présidentielles prévues au printemps 2017, il aurait donc 71 ans, comme François Mitterrand en 1988, au moment d’une éventuelle élection. La fin du septennat de François Mitterrand (en cohabitation) et celle du quinquennat de Jacques Chirac ont été marquées par une dégradation de la santé du président, et il est certain que pour Alain Juppé, son âge a été une interrogation forte.
 
Il y a bien sûr en France (et pas seulement, que l’on pense à Churchill en Angleterre au moment de la Seconde guerre mondiale) des exemples, formant presque une tradition, de recours plus ou moins heureux selon les cas à des personnalités prestigieuses en âge de connaître une semi-retraite politique. Aux heures sombres ou simplement troublées, leur expérience et leur relatif dégagement du jeu politique national, leur donnant une réputation de sagesse, a semblé la garantie d’un relèvement : Thiers en 1870, Clemenceau en 1917, Gaston Doumergue en 1934, Pétain en 1940, Charles de Gaulle en 1958. Et il est certain qu’au moins au centre et à droite, Alain Juppé est vu comme un sage de la politique française, tandis que le succès de son action municipale bordelaise peut lui donner à penser que son aura touche potentiellement une partie de la gauche.
 
Deux inconnues subsistent cependant pour lui, outre la situation de concurrence forte à droite :
 
1. Pour l’instant, aux élections présidentielles, les Français ont accordé au second tour leurs suffrages à des personnalités qui étaient depuis plusieurs années très visibles sur la scène nationale, et qu’ils avaient le sentiment de bien connaître. Mais jusqu’à présent, il n’y a eu que des réélections de personnalités ayant passé la barre des 70 ans, et les dernières années du second septennat de François Mitterrand et du quinquennat de Jacques Chirac ne sont pas généralement considérées comme les époques les plus fécondes de leur action politique.
 
2. Il n’est pas sûr, malgré la dramatisation dépressive de ces dernières années, que l’électorat considère vraiment que le moment est venu de se tourner vers un « sauveur d’expérience ».
 
Au final, nous avons affaire à une résolution mûrement délibérée qui reste, comme toujours en politique, un pari sur l’avenir.

1 commentaire:

afu uni a dit…

merci

http://goo.gl/tfeKBm