samedi 4 janvier 2014

Contrainte économique, contrainte politique

L'audience des "antisystèmes" se nourrit bien sûr des mécontentements liés à la crise qui nous frappe depuis 2008. On nous pardonnera d'aligner ici des évidences.
 
Cette crise a un double aspect : elle est à la fois liée à une conjoncture défavorable et à un endettement excessif des Etats. Les pouvoirs publics paraissent donc dépourvus des moyens d'agir à court terme et ne peuvent injecter grand chose dans l'économie sans que cela soit comme épongé par les propres besoins de financement de l'Etat et des collectivités locales.
 
Elle frappe dans un contexte de mondialisation/globalisation :  beaucoup des leviers d'action auxquels nous sommes habitués de recourir non pas pour sortir des crises (qui se terminent d'elles-mêmes au bout d'un certain temps parce qu'elles correspondent à des phases de transformation de l'activité économique), mais pour les accompagner et empêcher qu'elles ne soient trop désastreuses socialement, voire pour favoriser la reprise quand elle se dessine, échappent de facto aujourd'hui à l'Etat-nation.
 
En 1981-1982, il y a donc plus de trente ans, et bien avant l'euro, on a pu mesurer qu'une politique de relance par la consommation était vaine quand elle était pratiquée dans un seul pays. Le formidable accroissement des dépenses publiques décidé alors, comme cela avait été prévu par de nombreux économistes, n'avait abouti qu'à dégrader la balance du commerce extérieur : le pouvoir d'achat distribué avait servi à acheter des produits étrangers, sans que les entreprises nationales ait eu le temps d'en profiter, et le chômage n'avait pas reculé.
 
Le débat de politique économique est aujourd'hui en partie transféré autour de la gestion de l'euro, mais la contrainte est la même que celle qui pesait sur la politique nationale : une monnaie trop forte peut décourager l'investissement et pénaliser les exportations, une monnaie trop faible lance l'inflation qui pénalise le pouvoir d'achat des salariés et renchérit les importations. Le débat autour du mandat de la Banque Centrale Européenne, limité pour l'instant à la lutte contre l'inflation, est donc crucial.
 
Les Etats européens sont donc liés entre eux pour la politique conjoncturelle face à la crise, sans que leur déliaison éventuelle puisse leur apporter de solution : elle ne supprimerait pas l'interpénétration des économies et ne leur offrirait pas de choix qui puissent être différents de ceux de leurs principaux partenaires. Ils n'ont les mains entièrement libres que pour la politique structurelle : celle qui porte sur l'organisation du marché du travail, sur une partie très importante de la fiscalité, sur la manière d'aider les chômeurs à retrouver un emploi, sur l'éducation, sur les retraites, sur les aides aux entreprises... autant de domaines où les résultats d'une action difficile ne portent leurs fruits qu'au bout de plusieurs années.
 
Ajoutons à tout cela une spécificité française : le peu de croissance que nous avons pu avoir ces dernières années est tirée par la consommation des ménages, elle-même liée aux transferts sociaux, transferts eux-mêmes financés par le déficit et l'endettement. Le rétablissement des comptes publics gênera donc ainsi la croissance.
 
Donc, pas de miracle à attendre dans le court terme, et nécessité profonde d'avancer sur la voie de réformes souvent impopulaires - de celles que l'on peut se résigner à subir tant qu'on ne demande pas de les approuver, et dont les effets ne seront pas immédiatement perceptibles.
 
Je crois n'avoir dit que des évidences, mais elles ne sont, je crois, pas assez dites. Et je crois que quand une nation est dans ce type de situation, les dirigeants doivent le dire et les opposants en avoir conscience. Pas la peine de promettre "du sang et des larmes", simplement dire ce qu'il y a à faire, ce que l'on va faire et ce qu'on peut raisonnablement en attendre, en accomplissant la tâche difficile et noble d'élever la collectivité au-dessus du quotidien pour la projeter dans un avenir non fantasmé. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Se mettre sous des égides pareilles est plutôt contradictoire: entre l'agent américain et de l'Europe sous tutelle US et le Général De Gaulle il vous faut choisir!