Que de tiraillements ces derniers temps ! Tout d'abord un premier "psychodrame" autour des primaires socialistes. J'avoue avoir été impressionné en entendant Martine Aubry faire état d'un accord entre Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et elle-même. Je n'ai pas d'abord pensé qu'il s'agissait d'un déni de démocratie, que l'on restreignait le choix des militants et des sympathisants. Tout en me doutant que François Hollande ne devait pas apprécier l'information, je me suis dit que le parti socialiste enrayait la machine à perdre ; et ce d'autant plus qu'il n'y a pas d'abîme idéologique entre ces trois candidats à la candidature. Puis est venue la réaction de Ségolène Royal...
Tout cela est finalement plutôt bien accueilli dans les médias : il y a un psychodrame, des rivalités, du spectacle. Les médias aiment les primaires socialistes qui créent de l'événement tout fait et spectaculaire, cela est normal. Je demeure perplexe devant des candidats dévoilant leur argumentaire de campagne à l'avance alors que l'autre camp attend tranquillement, tout en ayant sur la tête une épée de Damoclès : le programme de leur parti, avec lequel ils devront ajuster le leur. Laurent Fabius avait en 2007 cru contourner l'obstacle en se présentant comme l'homme qui appliquerait "purement et simplement" ce programme, mais la manoeuvre, qui transformait le candidat en simple porte-parole d'un programme attrape-tout, était peu crédible.
Et puis voici que la fusion entre Europe Ecologie et les Verts paraît battre de l'aile, avec la démission de Jean-Paul Besset, qui représentait, finalement, Europe Ecologie dans la nouvelle organisation. Je ne suis pas sûr que dans ces conditions, Europe Ecologie va continuer d'attirer les centristes et la gauche modérée déçue par le PS. Finalement, comme François Bayrou, les écologistes modérés buttent sur un problème d'organisation.
Rien ne rend en ce moment le paysage politique français plus organisé. Dans un système où l'attention est polarisée sur la campagne présidentielle, et où la construction d'une candidature crédible prend finalement beaucoup de temps, ce système de plus en plus présidentialisé (et pas seulement du fait de Nicolas Sarkozy : la réforme du quinquennat en 2000 allait dans ce sens) nécessite que les forces politiques soient par avance au clair avec leur attitude face à cette élection
.
En clair : le leader du mouvement ou du parti "y va", ou il négocie par avance le fait de ne pas "y aller" et de soutenir un autre candidat, en terme de sièges et d'éventuelle participation gouvernementale. Il n'y a que cela qui permettra que dans chaque parti émergent une majorité, qui met en oeuvre sa politique moyennant quelques concessions, et une minorité qui attend l'échec de la majorité pour devenir elle-même majoritaire.
L'UMP n'a pas ces problèmes, direz-vous. Il lui manque cependant le reste : des tendances clairement identifiées, porteuses des différentes sensibilités du centre et de la droite, qui permettent d'ouvrir l'arc électoral et d'inventorier, par une majorité et une minorité, différents possibles stratégiques. Il lui sera possible de rassembler un tiers du corps électoral. Mais que faire ensuite ?
Le paradoxe, pour le PS, sera qu'il devra chercher à s'appuyer sur des forces qui sont encore moins organisées que lui, alors même qu'aucun leader fédérateur n'émerge. Dominique Strauss-Kahn a un bon bilan au FMI, certes, mais ce bilan même peut être (et sera s'il se lance dans l'aventure) utilisé contre lui. Et quelle part au juste de son prestige actuel est dû à son silence forcé ?
L'éclatement du paysage politique français correspond donc bien à une non-prise en compte, dans l'organisation même de la plupart des forces politiques, de la contrainte institutionnelle. Nous allons, me semble-t-il, vers des mois très spectaculaires et assez peu féconds sur le plan de la réflexion. Politiquement, il va y a voir du spectacle, et une part de chacun d'entre nous s'en réjouit. Sur le fond, on a tout de même l'impression que lorsque l'on n'assume pas une contrainte institutionnelle, une confusion stérile s'empare de la vie politique. Si l'élection présidentielle n'organise pas, elle crétinise.
Tout cela est finalement plutôt bien accueilli dans les médias : il y a un psychodrame, des rivalités, du spectacle. Les médias aiment les primaires socialistes qui créent de l'événement tout fait et spectaculaire, cela est normal. Je demeure perplexe devant des candidats dévoilant leur argumentaire de campagne à l'avance alors que l'autre camp attend tranquillement, tout en ayant sur la tête une épée de Damoclès : le programme de leur parti, avec lequel ils devront ajuster le leur. Laurent Fabius avait en 2007 cru contourner l'obstacle en se présentant comme l'homme qui appliquerait "purement et simplement" ce programme, mais la manoeuvre, qui transformait le candidat en simple porte-parole d'un programme attrape-tout, était peu crédible.
Et puis voici que la fusion entre Europe Ecologie et les Verts paraît battre de l'aile, avec la démission de Jean-Paul Besset, qui représentait, finalement, Europe Ecologie dans la nouvelle organisation. Je ne suis pas sûr que dans ces conditions, Europe Ecologie va continuer d'attirer les centristes et la gauche modérée déçue par le PS. Finalement, comme François Bayrou, les écologistes modérés buttent sur un problème d'organisation.
Rien ne rend en ce moment le paysage politique français plus organisé. Dans un système où l'attention est polarisée sur la campagne présidentielle, et où la construction d'une candidature crédible prend finalement beaucoup de temps, ce système de plus en plus présidentialisé (et pas seulement du fait de Nicolas Sarkozy : la réforme du quinquennat en 2000 allait dans ce sens) nécessite que les forces politiques soient par avance au clair avec leur attitude face à cette élection
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En clair : le leader du mouvement ou du parti "y va", ou il négocie par avance le fait de ne pas "y aller" et de soutenir un autre candidat, en terme de sièges et d'éventuelle participation gouvernementale. Il n'y a que cela qui permettra que dans chaque parti émergent une majorité, qui met en oeuvre sa politique moyennant quelques concessions, et une minorité qui attend l'échec de la majorité pour devenir elle-même majoritaire.
L'UMP n'a pas ces problèmes, direz-vous. Il lui manque cependant le reste : des tendances clairement identifiées, porteuses des différentes sensibilités du centre et de la droite, qui permettent d'ouvrir l'arc électoral et d'inventorier, par une majorité et une minorité, différents possibles stratégiques. Il lui sera possible de rassembler un tiers du corps électoral. Mais que faire ensuite ?
Le paradoxe, pour le PS, sera qu'il devra chercher à s'appuyer sur des forces qui sont encore moins organisées que lui, alors même qu'aucun leader fédérateur n'émerge. Dominique Strauss-Kahn a un bon bilan au FMI, certes, mais ce bilan même peut être (et sera s'il se lance dans l'aventure) utilisé contre lui. Et quelle part au juste de son prestige actuel est dû à son silence forcé ?
L'éclatement du paysage politique français correspond donc bien à une non-prise en compte, dans l'organisation même de la plupart des forces politiques, de la contrainte institutionnelle. Nous allons, me semble-t-il, vers des mois très spectaculaires et assez peu féconds sur le plan de la réflexion. Politiquement, il va y a voir du spectacle, et une part de chacun d'entre nous s'en réjouit. Sur le fond, on a tout de même l'impression que lorsque l'on n'assume pas une contrainte institutionnelle, une confusion stérile s'empare de la vie politique. Si l'élection présidentielle n'organise pas, elle crétinise.
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