En ces lendemains de victoire pour lui au municipales, penchons-nous un peu sur le cas du PS. On a envie de lire, ou d'écrire la suite du beau livre d'Alain Bergounioux et Gérard Grunberg, Les Socialistes français et le pouvoir. L'ambition et le remords (Paris, Fayard, 2005, rééd. « Pluriel », 2007). Non pas que le PS soit forcément au seuil du pouvoir, mais maintenant que François Hollande a gagné son pari (rester jusqu'aux municipales pour partir sur un beau résultat) , alors qu'on pouvait légitimement s'attendre à un « putsch » après les présidentielles, ce parti de gouvernement doit se poser la question de sa stratégie sur le plan national.
De sa stratégie, parce que d'elle dépendent les questions de leadership, de doctrine, de programme. La vraie durée de la politique, en effet, ce n'est pas le long terme, inaccessible lieu des vœux pieux, ce n'est pas le court terme, même si la médiocrité l'y cantonne souvent (notre endettement en témoigne), c'est le moyen terme. Elle est bien difficile à atteindre, cette durée, et quand on croit la saisir, elle se dérobe. Elle est peut-être un idéal, peut-être une sorte de mythe mobilisateur du pauvre, ou de l'intellectuel qui analyse la politique...
C'est une stratégie politique qui inscrit les choses dans cette durée moyenne. Qui dicte des alliances s'il en faut, un programme, des priorités, qui identifie les problèmes auxquels on va s'attaquer prioritairement, qui dégage des axes directeurs permettant de savoir jusqu'où on peut faire des concessions. Qui donne au message une forte lisibilité.
Ces dernières années, le PS a multiplié les obstacles en fragmentant les enjeux : la préparation de la dernière présidentielle a été un chef d'œuvre du genre : élaborer le programme en faisant une synthèse d'un côté, ce qui était le plus sûr moyen d'étouffer toute idée originale, choisir le candidat de l'autre, ce qui plaçait le ou la candidate dans la pire des situations, avec très peu de temps pour prendre une carrure présidentielle, et qui obligeait à répéter que les questions de personnes n'étaient rien, dans une élection où elles sont tout. Enfin, aborder la révision idéologique comme un enjeu en soi, découplé de tout le reste. Le miracle serait, après tout cela, d'être audible sur le plan national.
C'est la nécessité qui pourrait permettre à cet ensemble épars de se réunir, de se nouer en une ligne politique. En particulier, la nécessité d'opter entre une alliance au centre (qui pèse lourd en terme idéologique tant que le Modem refuse de se situer à gauche) et une alliance avec l'extrême gauche (qui est moins institutionnalisée et moins implantée que le PCF de 1971 et veut la faire payer très cher, si même il la veut, car elle craint le sort du PC sur la critique duquel elle s'est construite et qu'elle commence enfin à pouvoir, ici ou là, remplacer). Bien sûr, les deux lignes peuvent tenir ensemble au sein du parti, mais il faut que l'une des deux domine l'autre pour que le PS puisse trouver une certaine cohérence. La peu glorieuse solution trouvée pour le vote du traité modifié à Versailles illustre le coût de la juxtaposition pure et simple. Il faudrait peut-être écrire en lettre d'or, au siège du PS : l'héritage de François Mitterrand a volé en éclat. 1989 a d'un même élan diminué la réserve de voie longtemps disponible du PCF et réactivé une extrême gauche incontrôlable du point de vue d'une force de gouvernement. Le développement de la construction européenne a rendu indéniable son aspect libéral, présent dès le départ, et qui a, comme le montrent Bergounioux et Grunberg, dès le départ divisé les socialistes.
Prenons l'Etat : la LCR en veut plus tout en refusant sa réforme. François Bayrou dans sa campagne tous azimuts a dit qu'il ne fallait plus compter l'État pour résoudre tous les problèmes. Que choisira le PS, ou plus exactement, quelle troisième voie ? Il faudra de toute manière choisir pour les socialistes avec qui on s'allie et qui on combat politiquement.
Chaque stratégie a un risque. Le drame, pour la France qui a besoin d'un débat clair, est sans doute qu'à gauche (comme à droite, sans doute), le mirage d'une stratégie politique reposant sur une sorte de principe de précaution et de risque zéro est loin d'être dissipé.
De sa stratégie, parce que d'elle dépendent les questions de leadership, de doctrine, de programme. La vraie durée de la politique, en effet, ce n'est pas le long terme, inaccessible lieu des vœux pieux, ce n'est pas le court terme, même si la médiocrité l'y cantonne souvent (notre endettement en témoigne), c'est le moyen terme. Elle est bien difficile à atteindre, cette durée, et quand on croit la saisir, elle se dérobe. Elle est peut-être un idéal, peut-être une sorte de mythe mobilisateur du pauvre, ou de l'intellectuel qui analyse la politique...
C'est une stratégie politique qui inscrit les choses dans cette durée moyenne. Qui dicte des alliances s'il en faut, un programme, des priorités, qui identifie les problèmes auxquels on va s'attaquer prioritairement, qui dégage des axes directeurs permettant de savoir jusqu'où on peut faire des concessions. Qui donne au message une forte lisibilité.
Ces dernières années, le PS a multiplié les obstacles en fragmentant les enjeux : la préparation de la dernière présidentielle a été un chef d'œuvre du genre : élaborer le programme en faisant une synthèse d'un côté, ce qui était le plus sûr moyen d'étouffer toute idée originale, choisir le candidat de l'autre, ce qui plaçait le ou la candidate dans la pire des situations, avec très peu de temps pour prendre une carrure présidentielle, et qui obligeait à répéter que les questions de personnes n'étaient rien, dans une élection où elles sont tout. Enfin, aborder la révision idéologique comme un enjeu en soi, découplé de tout le reste. Le miracle serait, après tout cela, d'être audible sur le plan national.
C'est la nécessité qui pourrait permettre à cet ensemble épars de se réunir, de se nouer en une ligne politique. En particulier, la nécessité d'opter entre une alliance au centre (qui pèse lourd en terme idéologique tant que le Modem refuse de se situer à gauche) et une alliance avec l'extrême gauche (qui est moins institutionnalisée et moins implantée que le PCF de 1971 et veut la faire payer très cher, si même il la veut, car elle craint le sort du PC sur la critique duquel elle s'est construite et qu'elle commence enfin à pouvoir, ici ou là, remplacer). Bien sûr, les deux lignes peuvent tenir ensemble au sein du parti, mais il faut que l'une des deux domine l'autre pour que le PS puisse trouver une certaine cohérence. La peu glorieuse solution trouvée pour le vote du traité modifié à Versailles illustre le coût de la juxtaposition pure et simple. Il faudrait peut-être écrire en lettre d'or, au siège du PS : l'héritage de François Mitterrand a volé en éclat. 1989 a d'un même élan diminué la réserve de voie longtemps disponible du PCF et réactivé une extrême gauche incontrôlable du point de vue d'une force de gouvernement. Le développement de la construction européenne a rendu indéniable son aspect libéral, présent dès le départ, et qui a, comme le montrent Bergounioux et Grunberg, dès le départ divisé les socialistes.
Prenons l'Etat : la LCR en veut plus tout en refusant sa réforme. François Bayrou dans sa campagne tous azimuts a dit qu'il ne fallait plus compter l'État pour résoudre tous les problèmes. Que choisira le PS, ou plus exactement, quelle troisième voie ? Il faudra de toute manière choisir pour les socialistes avec qui on s'allie et qui on combat politiquement.
Chaque stratégie a un risque. Le drame, pour la France qui a besoin d'un débat clair, est sans doute qu'à gauche (comme à droite, sans doute), le mirage d'une stratégie politique reposant sur une sorte de principe de précaution et de risque zéro est loin d'être dissipé.
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