Les candidats du PS et de l'UMP ont montré ces dernières semaines, à côté de leurs atouts respectifs, des faiblesses qui paraissent structurelles.
Rappelons d'abord les atouts, qui ne sont pas négligeables.
Nicolas Sarkozy a profité de la crise européenne ; sa réactivité, son énergie peuvent se donner carrière dans un contexte où il faut décider vite, trouver un accord avec l'Allemagne, et montrer que les gouvernants ne se laissent pas balloter sans réagir par les flots de marchés. Il campe ainsi sur des positions qui parlent à l'électorat de la droite républicaine : le pragmatisme et le souci de réalisme.
François Hollande a montré qu'il n'était pas prisonnier de ses alliances, en se montrant ferme dans les négociations avec les écologistes, et quand bien même Nicolas Sarkozy remonte dans les sondages, il reste largement en tête des intentions de vote au second.
Les faiblesses tiennent à la difficulté pour les deux candidats de se dégager de leurs errements traditionnels.
À droite, la réaction au meurtre horrible du Chambon-sur-Lignon est caricaturale. Alors que la question posée est bien celle des responsabilités personnelles des uns et des autres, et en particulier du chef d'établissement qui, semble-t-il, n'a pas voulu recevoir des informations capitales pour la décision d'admettre ou pas dans son établissement l'élève incriminé, on réagit en bricolant une loi à la va-vite, comme si la loi était magiquement le remède aux défaillances des individus. Ce n'est ni sérieux, ni, à mon sens, estimable. Les faits divers épouvantables ne sont pas des occasions politiques ; les lois, si on veut qu'elles soient équilibrées et applicables, ne s'improvisent pas sur un coin de table.
À gauche, le positionnement de campagne de François Hollande reste hasardeux. L'organigramme de son équipe de campagne est surréaliste ; on trouve une usine à gaz là où on pouvait attendre une équipe resserrée, avec des champs clairement définis pour chacun, et qui pourrait laisser présager ce que serait un futur gouvernement. Et le candidat ne parvient pas à s'empêcher de jouer les mouches du coche en commentant à chaud les négociations européennes, sans être encore porteur d'une alternative crédible.
Quant au centre, depuis le retrait en rase campagne de Jean-Louis Borloo, aucune candidature alternative ne décolle - et cet espace reste, finalement, libre pour François Bayrou.
Tenace, courageux, celui-ci s'est isolé et n'a pas réussi à construire un véritable rassemblement politique ; mais les Français le connaissent, et sa critique globale du système politique, quand bien même elle l'a éloigné de la tradition centriste, moins portée ordinairement aux jugements tranchés, peut trouver un écho en cette période de crise. Surtout, il pourrait reconquérir un électorat de centre droit qui peinera à voter pour Nicolas Sarkozy au premier tour, et peut-être aussi des électeurs écologistes modérés ne se retrouvant pas dans le radicalisme verbal d'Eva Joly.
Le terrain est cependant loin d'être dégagé pour lui. Il ne peut plus compter sur un engouement de la jeunesse comme en 2007, parce que l'effet de nouveauté ne jouera plus en sa faveur. Il lui faudra aussi pondérer son discours renvoyant systématiquement dos à dos la gauche et la droite, et passer d'une condamnation globale à une évaluation critique du bilan de Nicolas Sarkozy. La réforme constitutionnelle de 2008, par exemple, ne peut laisser les centristes indifférents.
Surtout, il lui faudrait, peut-être en s'appuyant sur des hommes comme Jean Arthuis, renouer des liens avec les autres centristes et avec des figures de la droite modérée. Après l'hyper-présidence, nombre d'électeurs attendent une équipe et un chef d'équipe. François Hollande tardant à s'engager dans la voie de la constitution d'une équipe crédible, il y a là, incontestablement, "un coup à jouer". Mais il faut pour cela sortir de l'isolement.
Rappelons d'abord les atouts, qui ne sont pas négligeables.
Nicolas Sarkozy a profité de la crise européenne ; sa réactivité, son énergie peuvent se donner carrière dans un contexte où il faut décider vite, trouver un accord avec l'Allemagne, et montrer que les gouvernants ne se laissent pas balloter sans réagir par les flots de marchés. Il campe ainsi sur des positions qui parlent à l'électorat de la droite républicaine : le pragmatisme et le souci de réalisme.
François Hollande a montré qu'il n'était pas prisonnier de ses alliances, en se montrant ferme dans les négociations avec les écologistes, et quand bien même Nicolas Sarkozy remonte dans les sondages, il reste largement en tête des intentions de vote au second.
Les faiblesses tiennent à la difficulté pour les deux candidats de se dégager de leurs errements traditionnels.
À droite, la réaction au meurtre horrible du Chambon-sur-Lignon est caricaturale. Alors que la question posée est bien celle des responsabilités personnelles des uns et des autres, et en particulier du chef d'établissement qui, semble-t-il, n'a pas voulu recevoir des informations capitales pour la décision d'admettre ou pas dans son établissement l'élève incriminé, on réagit en bricolant une loi à la va-vite, comme si la loi était magiquement le remède aux défaillances des individus. Ce n'est ni sérieux, ni, à mon sens, estimable. Les faits divers épouvantables ne sont pas des occasions politiques ; les lois, si on veut qu'elles soient équilibrées et applicables, ne s'improvisent pas sur un coin de table.
À gauche, le positionnement de campagne de François Hollande reste hasardeux. L'organigramme de son équipe de campagne est surréaliste ; on trouve une usine à gaz là où on pouvait attendre une équipe resserrée, avec des champs clairement définis pour chacun, et qui pourrait laisser présager ce que serait un futur gouvernement. Et le candidat ne parvient pas à s'empêcher de jouer les mouches du coche en commentant à chaud les négociations européennes, sans être encore porteur d'une alternative crédible.
Quant au centre, depuis le retrait en rase campagne de Jean-Louis Borloo, aucune candidature alternative ne décolle - et cet espace reste, finalement, libre pour François Bayrou.
Tenace, courageux, celui-ci s'est isolé et n'a pas réussi à construire un véritable rassemblement politique ; mais les Français le connaissent, et sa critique globale du système politique, quand bien même elle l'a éloigné de la tradition centriste, moins portée ordinairement aux jugements tranchés, peut trouver un écho en cette période de crise. Surtout, il pourrait reconquérir un électorat de centre droit qui peinera à voter pour Nicolas Sarkozy au premier tour, et peut-être aussi des électeurs écologistes modérés ne se retrouvant pas dans le radicalisme verbal d'Eva Joly.
Le terrain est cependant loin d'être dégagé pour lui. Il ne peut plus compter sur un engouement de la jeunesse comme en 2007, parce que l'effet de nouveauté ne jouera plus en sa faveur. Il lui faudra aussi pondérer son discours renvoyant systématiquement dos à dos la gauche et la droite, et passer d'une condamnation globale à une évaluation critique du bilan de Nicolas Sarkozy. La réforme constitutionnelle de 2008, par exemple, ne peut laisser les centristes indifférents.
Surtout, il lui faudrait, peut-être en s'appuyant sur des hommes comme Jean Arthuis, renouer des liens avec les autres centristes et avec des figures de la droite modérée. Après l'hyper-présidence, nombre d'électeurs attendent une équipe et un chef d'équipe. François Hollande tardant à s'engager dans la voie de la constitution d'une équipe crédible, il y a là, incontestablement, "un coup à jouer". Mais il faut pour cela sortir de l'isolement.
8 commentaires:
Donc en résumé sa seule chance réside dans les errances des autres candidats, un peu faible pour prétendre à quoi que ce soit. d'autant plus que comme vous le dites justement, il ne bénéficiera plus de cet effet de surprise qui avait fait de lui la troisième force en 2007.
je suis d'accord avec le commentaire précédent : hélas, la surprise du centre jouera d'autant moins que François Hollande a pris - c'est une première - le PS par le centre... pas d'alternative donc à gauche. Mais je crois surtoutn, comme tu le fais remarquer Jérôme, qu'à force de se comporter en gourou et de décapiter ses entourages, Bayrou est un homme tragiquement isolé... au service d'une belle idée certes... mais sa croyance en son destin, ce qui me semble reflèter un hypothétique "panache" à la de Gaulle, ne cache pas un certain vide programmatique... hélas, hélas
Il faudrait qu'il se "recentre" si on ose, parce que par contre il a un coup à jouer avec le désert pour la droite modérée. Mais cela suppose un changement dont je ne sais pas s'il le désire. Sans changement, il récupèrera mécaniquement 7 à 8 % des voix au plus, et ne pèsera pas.
Ouaaah un maitre de conf de paris x d'accord avec moi jeune L3, j'en suis flaté ^^. Le désert de la droite modéré n'est il pas du justement à une disparation de ce courant et dont l'électorat s'est replié sur d'autres bases ? Dans ce cas occuper ce désert est inutile, un homme dans un désert reste seul même s'il l'occupe. De plus par le discours qu'il tiens régulièrement, se recentrer apparaîtrait clairement comme une démarche électorale. En réalité je pense que Bayrou a tellement défendu son idée de centre indépendant qu'il s'y est enfermé et sa mise en lumière en 2007 et l'échec du MODEM ne permet plus d'envisager de se repositionner. Si son succès surprise a permit un électrochoc du centre, son radicalisme centriste si je puis employer cette expression à transformer ce succès et suicide politique à mon sens.
en suicide*
L'idée de "radicalisme centriste", en sens lui va assez bien... c'est plus cette idée-là que celle d'extrême centre qui ne lui va pas du tout. Mais cela n'est pas nouveau au centre, cette quête d'un troisième homme incarnant une troisième voie, à la Mendès ? Est-ce que cela, Jérôme, n'est pas aussi, récurrent, dans l'histoire des centres ?
On a un peu l'impression, dans cette histoire que c'est l'UDF qui n'en finit pas de mourir. Parti essentiellement électoraliste, avec ses ambiguités et son souvent faux positionnement centriste tant il était un parti attrape-tout, au début, de tous les antigaullistes, et parfois bien plus à droite qu'eux.
J'ai la même impression que Gilles : Bayrou est un homme foncièrement isolé, avec un espace électoral, certes, mais un vide programmatique tragique. l'UDF, puis le Modem, puis le Nouveau Centre, ne sont pas vraiment libéraux, sont européens mais on ne sait plus exactement ce que cela veut dire (à force de confondre les fins avec les moyens, on ne sait plus...), et ne sont même pas forcément modérés. Bayrou a surpris, la dernière fois, par la forme du discours. Mais cela ne marchera plus. C'est bien beau d'avoir une salle pleine en face de soi, encore faut-il que le public ne s'éparpille pas dès le premier acte. Et, en l'occurrence, je crains le pire. Quant à Morin...
Diane, d'accord avec les deux points de ton analyse : tout d'abord l'idée d'un "centrisme providentiel", mais pour moi c'est plus conjoncturel que structurel. Ce n'est pas la définition d'une famille politique, c'est le vieux rêve républicain d'union nationale, le vieux rêve français compensatoire des déchirements de la révolution française. En tout cas François Bayrou veut incarner ce "centrisme providentiel".
D'accord aussi sur la décomposition idéologique de l'ex-UDF, faute d'actualisation du discours, en particulier sur l'Europe et les institutions.
Diane, d'accord avec les deux points de ton analyse : tout d'abord l'idée d'un "centrisme providentiel", mais pour moi c'est plus conjoncturel que structurel. Ce n'est pas la définition d'une famille politique, c'est le vieux rêve républicain d'union nationale, le vieux rêve français compensatoire des déchirements de la révolution française. En tout cas François Bayrou veut incarner ce "centrisme providentiel".
D'accord aussi sur la décomposition idéologique de l'ex-UDF, faute d'actualisation du discours, en particulier sur l'Europe et les institutions.
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