jeudi 15 septembre 2011

Premier débat




Commençons par les bonnes surprises :

La performance des journalistes, d'abord : nous sommes habitués à des questions agressives, faussement impertinentes et au fond très conformistes. Nous avons vu là la contraire. De vraies questions, souvent audacieuses, et qui servaient à mieux comprendre ce que chaque candidat voulait proposer, à mettre en évidence ses forces et ses faiblesses.

Ensuite, la manière dont se sont comportés les candidats : fermes, courtois, respectueux les uns des autres. Ils ont de ce point de vue donné une très bonne image de leur parti et de sa démocratie interne, alors que l'on pouvait craindre (et que l'on nous avait annoncé) le pire.

Ni François Hollande, ni Martine Aubry, ni Ségolène Royal n'ont surpris. Le premier a tenté, en s'énervant un peu, et en prenant un ton plus tranchant, de montrer qu'il avait la carrure présidentielle. La seconde est restée l'incarnation de quelques poncifs : la dépense publique forcément productive, la possibilité pour les gouvernements de relancer la croissance... sa performance dépendra de la foi des sympathisants socialistes dans ces axiomes. Tout au plus a-t-elle, sur la fin, tenté d'attaquer François Hollande sur la jeunesse et sur le nucléaire.

Ségolène Royal était elle-même en plus apaisé, mais n'a pas créé d'effet de surprise. Ses partisans voteront pour elle ; un élan supplémentaire reste, à mon avis, improbable.

Parmi les "petits" candidats, chacun a joué sa partition également. Arnaud Montebourg plus calme que d'ordinaire, avec un discours très structuré. Jean-Michel Baylet en électron libre au fond dépendant. Manuel Valls... à mon sens, quand bien même il ne disait rien de vraiment nouveau, c'est peut-être le seul qui a pu gagner des points ce soir.

La référence à Mendès-France, explicite, s'imposait. Un discours-vérité, ferme, tranchant, structuré (comme celui de Montebourg : il y a bien une unité générationnelle). Le plus curieux est que ce candidat qui n'est pas favori est le seul à avoir parlé de la France. Le seul a avoir dit qu'il était fier de ce qui s'était passé en Lybie l'après-midi même, et à saisir que la gauche ne pouvait pas demeurer indifférente à un combat mené au nom de la démocratie.

Le seul aussi, m'a-t-il semblé, à parler de vérité. Et à expliquer que réformer n'était pas forcément mettre de l'argent que l'on n'avait pas sur la table. Il y avait aussi, me semble-t-il, une envergure que les autres ne montraient pas.

Pour le reste, mis à part l'hypothèse Valls qui reste très théorique, l'endettement du pays est mal parti. On tape sur les méchantes banques, qu'on voudrait ramener deux cents ans en arrière, en séparant le dépôt de l'investissement spéculatif, sans dire comment. Et puis on allonge des millions qu'on n'a pas. Mais qu'on aura peut-être, si certaines réformes le permettent, ou si on arrivait (comment ?) à relancer la croissance, ce qu'aucun gouvernement n'a jamais fait.

A mes yeux donc, une confirmation : la relative panne d'idée du PS qui est devenu raisonnable aux dépends de sa capacité de proposition. Et deux bonnes surprises : le véritable goût de la démocratie de ce parti, qui n'a donc pas rompu totalement avec la gauche humaniste d'avant François Mitterrand, et la carrure de Manuel Valls.

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