vendredi 16 septembre 2011

complément sur les primaires

La supériorité oratoire de Manuel Valls et d'Arnaud Montebourg venait tout simplement de ce qu'ils incarnaient chacun une ligne claire, une "gauche" et une "droite" du PS. Mis à part le candidat radical, les autres essayaient de faire une synthèse, ce que l'on comprend.

Cependant, on peut après ce débat avoir une nostalgie : celle de l'organisation du PS de manière plus structurée, entre une majorité et une opposition, porteuses chacune d'une ligne, chacune attendant l'échec éventuel de l'autre pour orienter l'ensemble du parti.

Le débat y gagnerait en clarté, et la gauche, qui a plus besoin que la droite de charpente idéologique (le pragmatisme y étant moins valorisé) en bénéficierait... par ricochet, la droite aussi, qui aurait à fournir un plus grand effort pour se positionner.

Je ne peux m'empêcher de lire aussi cela de manière générationnelle, et de constater que les talents les plus évidents ont décidément du mal à trouver leur place, et en sont réduits à nous donner des regrets.


4 commentaires:

Matthieu a dit…

On ne peut pas non plus reprocher aux jeunes responsables politiques progressistes de vouloir nous laisser plutôt dans la douceur des regrets que dans la violence des remords.
Ça peut agacer de manque de réalisme, mais ça a un petit côté romantico-élitiste très touchant.

Cédric Maurin a dit…

Tout à fait d'accord avec vous sur l'essentiel des deux posts, notamment sur la prestation des journalistes, sans lesquels on aurait effectivement assister à des monologues de chaque candidat. Je voudrais néanmoins appuyer le fait que Baylet, malgré son grand manque de notoriété, vient rappeler qu'en France on peut être de gauche sans être socialiste ni être d'extrême gauche, et cela à mon sens est une vraie bouffer d'oxygène, car le PS un peu prisonnier de ses doctrines initiales, qu'il tente d'adapter plus ou moins bien au monde actuel, n'arrive plus trop à proposer quelque chose de foncièrement nouveau et ambitieux pour réellement passionner les électeurs. De ce point de vue, les gros candidats proposent des programmes pansements pour compenser la politique de droite assez violente socialement ces dernières années. En tout cas quel plaisir pour un étudiant en histoire politique, de voir en un soir un tel panel de visions politiques où en effet Valls et Montebourg se sont détachés; le débat a été, je trouve, riche en propositions variées, même si peu ambitieuses, on attend avec désespoir un tel débat ouvert d'idée à droite où ni programme ni propostions sont encore définis...

Nil a dit…

Le manque d'idées nouvelles ou audacieuses vient, à mon avis, non d'une rationalisation du discours socialiste, mais du contexte particulier de la primaire: il est dangereux pour les candidats de trop s'éloigner du programme du PS, et dangereux aussi de griller toutes leurs cartouches avant la campagne présidentielle. Les débats se focalisent donc sur des sujets secondaires (mais intéressants quand même) comme la légalisation du cannabis, ou sur des querelles de chiffres. Pour avoir de grandes propositions sur le budget, la justice sociale, le nucléaire, l'éducation (au delà des tâtonnements du dernier débat) il faudra sans doute attendre la "vraie campagne", à moins que la primaire ne s'emballe...

Jérôme Grondeux a dit…

Je suis d'accord avec ces trois commentaires. Oui, quand le vent de la vraie politique passe, même quand un tout petit souffle passe, on ne reste pas indifférent.
Pour Baylet, le problème est celui de tous les radicaux, y compris Borloo : ne pas avoir derrière soi de vrai formation politique, ce qui ne laisse de place qu'à une prestation solitaire.
Enfin, la question de la vraie campagne : je crains que nous ne soyons déçus par elle, parce que la pression de la situation est vraiment très forte. Et je suis d'accord sur tout ce qui pesait sur le débat interne socialiste.