L'UMP aurait déjà récolté les deux tiers de la somme lui permettant de faire face à ses frais de campagne après la décision du conseil constitutionnel. Les circonstances lui ont donné une cause mobilisatrice, qui signale que nombre de personnes restent attachées à son existence. Mais tous ses problèmes sont loin d'être réglés.
Le mouvement n'a toujours pas de ligne politique, et de ce point de vue ne s'est pas remis de l'ère Sarkozy. Fondé en 2002, il ambitionnait d'être une synthèse de la droite républicaine et du centre, quand bien même on savait dès le départ que les hommes de l'ancien RPR y occupaient une place prépondérante.
Dès le départ, l'UMP a dû faire face à deux handicaps : le refus de François Bayrou et d'une partie de l'UDF de la rejoindre, et le refus de Jacques Chirac et d'Alain Juppé (son premier dirigeant) de constituer des tendances pourtant prévues par les statuts.
Certes, François Bayrou à échoué dans l'édification d'un centre indépendant. Mais au final, nombre des élus qui l'ont d'abord suivi se retrouvent aujourd'hui dans l'UDI de Jean-Louis Borloo, du fait de la constitution, en 2007, du Nouveau Centre.
D'autre part, le refus de la constitution de tendances rendait difficile non seulement l'intégration du centre, mais le maintien des souverainistes dans l'UMP. Si l'existence de Debout La République ne constitue pas encore une concurrence politique sérieuse pour l'UMP sur le plan électoral, le souverainisme a une influence non-négligeable sur l'opinion. Il installe une partie des républicains de droite dans une défiance systématique vis-à-vis de l'UMP, et a développé des arguments qui, repris par le Front National, permettent à ce dernier d'élargir son influence, et de toucher des milieux qui jusque là lui étaient fermés.
Nicolas Sarkozy était sceptique en 2002 quant au projet chiraquien de rassembler le centre et la droite. Il a cependant su conquérir la machine, indispensable à l'accomplissement de ses ambitions présidentielles, et développer pendant la campagne de 2007 un discours à la fois clivant sur le plan droite/gauche et fédérateur pour les différentes familles politiques présentes à l'UMP.
Les choses ont été différentes à partir de 2010 et du discours de Grenoble. La stratégie de Nicolas Sarkozy était toujours de creuser le clivage droite/gauche, mais cette fois en jouant une partie de l'UMP contre l'autre, et en laissant de côté les centristes.
L'UMP est donc depuis 2010 partagée en deux sensibilités, qui s'expriment à la fois idéologiquement et stratégiquement.
L'une est de type populiste : anti-establishment, hostile aux corps intermédiaires, critique vis-à-vis des institutions, prenant à partie à tout propos un "politiquement correct" supposé omniprésent, estimant que la reconquête de l'électorat parti vers le FN passe par un discours musclé. On reste dans la ligne du discours de Grenoble.
L'autre insiste sur l'aspect "républicain" de la droite républicaine. Elle cherche à donner une image de sérieux, de crédibilité, estime que c'est sur le terrain des propositions concrètes que l'UMP peut se démarquer à la fois des socialistes et du FN.
Les deux sensibilités, comme Laurent de Boissieu l'avait fort bien montré (je renvoie à son blog www.ipolitique.fr) ne recoupent pas exactement les camps Copé/Fillon. La seconde ne s'est d'ailleurs pas clairement exprimée dans les débats internes des derniers mois. C'est qu'elle se sait minoritaire chez les militants.
L'existence de l'UDI est finalement pour elle un handicap : la sensibilité populiste a pour elle de clairement identifier l'UMP face à l'UDI.
Pas de leader, pas de ligne, pas de projet. Tout cela pourrait conduire à l'éclatement du mouvement. Je n'y crois pas, et ce pour deux raisons.
La première, c'est que ce sont les élus qui font un parti. Or, ceux-ci veulent une investiture, pas de rivaux autres que ceux que, parfois, ils rencontreront avec les candidats UDI, et ils attendent le succès dans les élections locales que l'on pressent difficile pour l'actuelle majorité.
La seconde, c'est que l'incapacité à élaborer un projet crédible n'est pas, ces dernières décennies, un obstacle pour retrouver le pouvoir.
1) Depuis 1986, et sauf le tour de passe-passe réalisé par Nicolas Sarkozy en 2007, aucune majorité sortant n'a été reconduite aux élections législatives . Le rejet des sortants est la motivation déterminante de l'électorat.
2) Les élections législatives ont disparu en même temps que la probabilité de cohabitation avec la réforme du quinquennat adoptée en 2000. Le choix déterminant se fait aux élections présidentielles ; hors, les primaires conduisent chaque candidat à bricoler un programme dans l'urgence, sans que le programme du parti ait alors une importance réelle.
Il n'en reste pas moins que l'état de l'UMP, comme celui du PS d'ailleurs, est préoccupant...
2 commentaires:
Ce n'est pas très encourageant... Malheureusement, j'ai bien peur que vous ayez raison.
En même temps la famille politique gaulliste n'était pas coutumière du débat interne, peut-être que tout cela est une question de temps. Nicolas Sarkozy avait imposé une stratégie claire avec une idéologie qui ne l'était pas car attrape-tout. Peut-être que quelqu'un imposera une vraie ligne à un moment. C'est possible dans toutes les familles politiques, quand bien même cela paraît pour l'instant peu probable.
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