Il est bien tôt pour se faire une idée sur une nouvelle équipe qui n'est pas encore constituée, et qui va se heurter à une situation européenne très difficile, qui imposera plus de continuité que l'on croit dans la politique française.
Mais une continuité paradoxale m'apparaît, concernant le style présidentiel. Au-delà du contraste prévisible entre les personnalités de Nicoals Sarkozy et de François Hollande, une certaine "normalisation" se poursuit. La présidence "monarchique" n'est plus de saison. Finalement, François Mitterrand aura été le dernier président de ce type ; Jacques Chirac avait amorcé la transition par une certaine bonhommie, et ce n'est qu'une certaine retenue, due en partie au fait qu'il "passait mal" à la télévision et le savait, qui expliquait que cette bonhommie n'ait pas été davantage visible.
D'une certaine manière, il y a une continuité entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, l'un dans une version plus énergique, voire agressive, l'autre dans une version plus calme, voire modeste : ni l'un ni l'autre ne cherchent à construire une image de président de la République, ils cherchent tous deux à rester eux-mêmes.
La politique est tributaire des mutations de la société : Nicolas Sarkozy comme François Hollande sont des personnages qui incarnent à leur manière la quête qu'une génération qui a grandi dans les années 1960, quand la société française s'est plus transformée que durant les cent années précédentes. Cette quête est celle d'un épanouissement personnel et d'un accord avec soi-même ; elle est celle aussi d'un équilibre entre vie privée et vie publique. Elle n'est pas une quête de majesté, pas une quête de grandeur personnelle.
Non pas qu'ils ne puissent, à certains moments, être "grands" ou à la hauteur d'événements historiques ; mais ils ne visent pas aux apparences de la grandeur, à une grandeur comme état permanent, à une sorte de "grandeur d'établissement" personnelle. Ils acceptent les hiérarchies qui structurent la vie sociale, mais ils n'intériorisent pas leur position hiérarchique. On peut se demander si, de ce point de vue, Nicolas Sarkozy n'a pas essuyé les plâtres.
2 commentaires:
Tout à fait d’accord avec vous. Ne faut-il pas ajouter aussi comme raison la réforme du quinquennat ? Compte tenu de cette évolution, on peut se demander à quoi sert encore la fonction de Premier ministre puisque de facto ses chefs d’ Etats en se « républicanisant » deviennent des chefs de gouvernement ?
Effectivement Nicolas Sarkozy a essuyé les plâtres. Bien plus qu’ « hyper président », il a été un « hyper Premier ministre » et sans doute François Fillon un « hypo Premier ministre ». Les deux têtes de l’exécutif sont devenues interchangeables, comme cet épisode cocasse en décembre 2007, où François Fillon rencontrait tous les chefs d’Etats lors d’une tournée en Amérique Latine pendant que Nicolas Sarkozy tenait des tables rondes en province sur la ruralité.
Au final la France ne s’est-elle pas normalisée par rapport aux autres pays européens avec comme seule singularité de faire élire au suffrage universel direct son « chef de gouvernement » ?
Je trouve votre analyse très pertinente. Je pense aussi que si on devait redonner un rôle au premier ministre, ce serait dans le rapport avec une Assemblée nationale élue à la proportionnelle intégrale.
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