François Hollande a eu beau évoquer le réenchantement d'un "rêve français" qui, à mon sens, s'est un peu perdu dans les sables au XXe siècle, il est clair qu'il n'aura devant lui qu'une "marge de promesse" très limitée. Et d'ailleurs, il le sait très bien ; si un de ses proches a évoqué l'idée que le programme du PS, dans la situation actuelle, ne peut être appliqué, ce n'est pas un hasard.
Il a été en partie investi parce que la promesse de la victoire brillait à son front, comme elle brillait en 2006 sur celui de Ségolène Royal, mais peut-être aussi parce qu'avec Manuel Valls il était celui des candidats à la candidature qui promettait le moins de miracles.
Nous allons vers une élection où les candidats des forces de gouvernement, UMP et PS, n'ont rien à promettre, et où, quand bien même ils font des promesses, personne ne croit que la situation européenne actuelle leur permettra de les tenir. Nous allons donc vers une expérience assez rare, qui nous permettra d'avoir la réponse à la question suivante : que font les électeurs quand on ne peut rien leur promettre de façon crédible ?
Comme nous le voyons face à la crise grecque, jamais la gestion des affaires et les forces de l'enthousiasme politique n'ont été plus éloignées. Les gouvernants français et allemand, le FMI s’échinent à improviser des montages viables pour empêcher la faillite de l'euro, tandis que les indignés de tout genre, de manifestation en manifestation, assènent une conviction : la démocratie la plus directe possible serait la panacée à tous nos maux.
Dans la première option, il y a une réalité économique et financière, plus ou moins bien comprise par les gouvernants, qui circonscrit la politique comme "art du possible". Les dirigeants font, avec plus ou moins de compétence, ce qu'ils peuvent faire à un moment donné. La politique est alors l'art d'inventorier les marges de manœuvre dont nous disposons, et d'expliquer comment on va s'en servir par rapport aux objectifs que l'on se donne et aux valeurs dont on se réclame. On cherche finalement plus l'adhésion à des projets précis et des valeurs définies que le rêve.
Dans la seconde option, la réalité est toute entière politique. La prétendue contrainte économique n'est qu'un miroir aux alouettes masquant les intérêts de la classe dirigeante, et dès lors que l'action politique permettra de faire voler en éclat l'illusion de cage que l'on nous a inventée, aucun problème ne nous résistera durablement.
La première option est, des deux, la moins enthousiasmante. Elle a cependant l'avantage de se soumettre en permanence à la discussion : on peut toujours confronter les résultats d'une action politique aux objectifs affichés, et critiquer les décisions prises. Ici, la politique n'est pas le domaine du rêve, elle est celui de la responsabilité. Mais quand nous demandons du rêve, sommes-nous vraiment ce que nous prétendons être, c'est-à- dire les héritiers des Lumières ? Ou sommes-nous de grands enfants pitoyables ?
La seconde option sauve l'aspect exaltant de la politique, elle peut donner à ses tenants un grand shoot d'espérance. Mais il n'y faudra pas regarder de trop près, parce qu'on nous demande tout d'abord de nier la contrainte économique ; l'invocation d'une époque bénie, située dans un passé mythique, ou la politique aurait dominé l'économie, oblige à constater que cet âge d'or rétrospectif n'a jamais existé nulle part (à moins de "réenchanter" le communisme, mais c'est pour le moins une lourde tâche). Ensuite parce qu'on nous demande une foi pascalienne, non seulement dans la faisabilité de la démocratie directe, mais dans la sagesse du grand nombre et la capacité à régler simplement des questions difficiles. Il faut pouvoir se réjouir de la perspective d'un référendum grec...
Jusqu'à présent, les partis de gouvernement et leurs candidats se sont tirés du dilemme par le lyrisme démocratique : tenir un discours de toute puissance alors même que l'on ne propose que des réformes limitées et plus ou moins raisonnables (quid aujourd'hui du "Yes, we can!" d'Obama, ou du "Ensemble, tout devient possible!" de Nicolas Sarkozy?), jouer sur les espoirs et les peurs des contemporains sans trop se lier les mains. La situation actuelle rend cela bien difficile.
Il manquait jusqu'à présent à l'échéance de 2012 sa coloration particulière : la voilà.
Il a été en partie investi parce que la promesse de la victoire brillait à son front, comme elle brillait en 2006 sur celui de Ségolène Royal, mais peut-être aussi parce qu'avec Manuel Valls il était celui des candidats à la candidature qui promettait le moins de miracles.
Nous allons vers une élection où les candidats des forces de gouvernement, UMP et PS, n'ont rien à promettre, et où, quand bien même ils font des promesses, personne ne croit que la situation européenne actuelle leur permettra de les tenir. Nous allons donc vers une expérience assez rare, qui nous permettra d'avoir la réponse à la question suivante : que font les électeurs quand on ne peut rien leur promettre de façon crédible ?
Comme nous le voyons face à la crise grecque, jamais la gestion des affaires et les forces de l'enthousiasme politique n'ont été plus éloignées. Les gouvernants français et allemand, le FMI s’échinent à improviser des montages viables pour empêcher la faillite de l'euro, tandis que les indignés de tout genre, de manifestation en manifestation, assènent une conviction : la démocratie la plus directe possible serait la panacée à tous nos maux.
Dans la première option, il y a une réalité économique et financière, plus ou moins bien comprise par les gouvernants, qui circonscrit la politique comme "art du possible". Les dirigeants font, avec plus ou moins de compétence, ce qu'ils peuvent faire à un moment donné. La politique est alors l'art d'inventorier les marges de manœuvre dont nous disposons, et d'expliquer comment on va s'en servir par rapport aux objectifs que l'on se donne et aux valeurs dont on se réclame. On cherche finalement plus l'adhésion à des projets précis et des valeurs définies que le rêve.
Dans la seconde option, la réalité est toute entière politique. La prétendue contrainte économique n'est qu'un miroir aux alouettes masquant les intérêts de la classe dirigeante, et dès lors que l'action politique permettra de faire voler en éclat l'illusion de cage que l'on nous a inventée, aucun problème ne nous résistera durablement.
La première option est, des deux, la moins enthousiasmante. Elle a cependant l'avantage de se soumettre en permanence à la discussion : on peut toujours confronter les résultats d'une action politique aux objectifs affichés, et critiquer les décisions prises. Ici, la politique n'est pas le domaine du rêve, elle est celui de la responsabilité. Mais quand nous demandons du rêve, sommes-nous vraiment ce que nous prétendons être, c'est-à- dire les héritiers des Lumières ? Ou sommes-nous de grands enfants pitoyables ?
La seconde option sauve l'aspect exaltant de la politique, elle peut donner à ses tenants un grand shoot d'espérance. Mais il n'y faudra pas regarder de trop près, parce qu'on nous demande tout d'abord de nier la contrainte économique ; l'invocation d'une époque bénie, située dans un passé mythique, ou la politique aurait dominé l'économie, oblige à constater que cet âge d'or rétrospectif n'a jamais existé nulle part (à moins de "réenchanter" le communisme, mais c'est pour le moins une lourde tâche). Ensuite parce qu'on nous demande une foi pascalienne, non seulement dans la faisabilité de la démocratie directe, mais dans la sagesse du grand nombre et la capacité à régler simplement des questions difficiles. Il faut pouvoir se réjouir de la perspective d'un référendum grec...
Jusqu'à présent, les partis de gouvernement et leurs candidats se sont tirés du dilemme par le lyrisme démocratique : tenir un discours de toute puissance alors même que l'on ne propose que des réformes limitées et plus ou moins raisonnables (quid aujourd'hui du "Yes, we can!" d'Obama, ou du "Ensemble, tout devient possible!" de Nicolas Sarkozy?), jouer sur les espoirs et les peurs des contemporains sans trop se lier les mains. La situation actuelle rend cela bien difficile.
Il manquait jusqu'à présent à l'échéance de 2012 sa coloration particulière : la voilà.
4 commentaires:
"que font les électeurs quand on ne peut rien leur promettre de façon crédible ?"
Désinformé, comme c'est absolument le cas par les Médias capitalistes, ils risquent d'envoyer Marine au second tour ; soit ce que veut le Système, assuré de voir l'euro candidat mondialiste UMPS l'emporter.
Ré-informé, pour peu qu'il éteigne sa télé et jette aux ordures les torchons mainstream, il votera François Asselineau, qui nous sortira du piège Américain de l'Euroland - cause de tous nos malheurs.
Bref, je ne suis pas très optimiste, mais ce n'est pas pour les mêmes raisons que vous.
Tout le débat entre nous porte sur l'existence du "Système", justement. S'il existe et englobe les médias et les institutions, il n'y aurait de "solution" que révolutionnaire. Mais où mène cette vision du monde sans perspective révolutionnaire ?
Mouais, je suis quand même plus que sceptique en ce qui concerne François Asselineau qui se dit anti-système alors qu'il a largement profité des fastes de ce même système il n'y a pas si longtemps ... Qui plus est, je suis particulièrement énervé par son attitude de vierge effarouchée, comme si il venait de découvrir que dans les relations internationales les choses n'étaient pas blanches, mais aussi parfois cruelles et impitoyables. Ce monsieur a une vision du monde complètement manichéenne et binaire, où tout serait de la faute du vilain néocolonisateur yankee qui aurait fermé ses griffes sur l'Europe à coups de Plan Marshall et de CECA. J'ai appris depuis longtemps à ne plus faire confiance à ce genre d'individus.
Mais on y croit, François va tous nous sauver avec ses deux militants et leurs trois euros cinquante !
Great reading your bloog
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